
Attention, ceci est un article massif. Pour plus de fluidité, si vous voulez aller à la partie qui vous intéresse directement, suivez-donc les liens :
- Les 23h de la BD : récit du challenge avec Monkibe, Ceddo et Bambou
- Les 23h de la BD : la BD
- Nouveau concept : les « 2h30 de la BD dans le train »
- Les rencontres de lecteurs
Dans le pays des gens qui gribouillent des trucs plus ou moins malsains, il y a un événement aussi sacré qu’un powerpoint pour un fonctionnaire en réunion : les 23 heures de la bande dessinée. Kézako ? Allez donc voir par là pour en savoir plus.
Maintenant que vous êtes instruits, resituons la chose. Nous sommes samedi 26 mars 2016, le temps est aussi clément et agréable qu’un guichetier de la préfecture et quatre individus se rassemblent dans un appartement aussi bien ordonné qu’un rayon de magasin de Lidl et situé à quelques lieues de la capitale. Qui sont ces individus ? Nuls autres que l’étrange Monkibe, le véhément Ceddo, l’indéfinissable Bambou et moi-même (attribuez-moi l’adjectif que vous voudrez).

Tous prêts à en découdre, nous attendons patiemment le top départ, prévu pour 13h, de ces 23h de la BD.
À l’heure dite, le thème est lancé : Western. La contrainte suit : il faut faire apparaître dans l’histoire un personnage portant une énorme horloge.
Crayons à la main, stylos prêts à être dégainés et gommes (dont une volée à une lectrice un peu plus tôt) au garde-à-vous, le challenge débute. Monkibe et moi-même de notre côté, face à Bambou et Ceddo qui travaillent sur leur propre BD.
Les deux premières heures, nous réalisons le scénario. Pour cela, plusieurs étapes et beaucoup de discussions/désaccords/engueulades/combats à mort à mains nues :
- Nous choisissons très tôt de faire de cet « homme à l’horloge » l’élément central de l’histoire. Ce sera une sorte de MacGuffin, le fil rouge de l’intrigue principale.
- Le grand méchant s’appellera Plouf-Plouf. L’idée est issue d’une conversation sans aucune sorte de rationalité qui a eu pour conclusion qu’un grand méchant avec un surnom comme ça, ça en jette.
- Plouf-plouf devient petit à petit le personnage principal, par voie détournée : il aura droit à un flash-back, un instant émotion et des moustaches.
- Enfin, aucun coup de feu ne sera tiré avant la fin de l’histoire. Pour éviter les facilités scénaristiques.
Une fois les idées lancées, nous découpons le scénario en fonction du nombre de pages (23, donc), définissons la place allouée à telle ou telle scène, et affinons le tout : titre de la BD, nom des personnages, design, personnages secondaires, règles de narration choisies, nombre de pious à caser, etc.
C’est alors le moment de se lancer dans le gribouillage. En parallèle, nous avons déjà engouffré trois pizzas, un paquet de chips, un sachet de cacahuètes (grillées à sec, s’il vous plaît) et deux flammekueches. Notre sang a été remplacé par diverses boissons énergisantes et, pour ma part, une perfusion au café. Du Nespresso.

Le dessin se déroule sans heurts. Au fil de la soirée, Bambou, qui a parfois des relents alsaciens, commence à avoir des spasmes trahissant une fatigue naissante. Ceddo tente de paraître éveillé, mais on sent ses paupières s’alourdir d’heure en heure. D’obscures discussions ont l’air de les animer, à base de lapins, d’animaux aquatiques et d’Abraham Lincoln.
Passé minuit, nos organismes respectifs sont substitués par des substances sucrées et grasses en quantités industrielles. Certains ont des convulsions, d’autres se mettent à tester l’insertion de crayons dans divers orifices organiques : la réelle lutte commence.

Quelques heures plus tard, Bambou et Ceddo ont cédé. Fatigués, exténués par tant de torture artistique, ils ont plongé dans les limbes du sommeil, dans les méandres des songes, dans l’abîme du canapé de la salle de séjour.
Monkibe et moi-même luttons, continuons tant bien que mal. Le matin venu, tandis que les seuls sons sortant de ma bouche sont des grognements et vociférations qui feraient fondre un tympan rien qu’en les écoutant, nous parvenons, à 12h le dimanche, à terminer notre BD et à la diffuser sur le site des 23hBD. Victoire.
Ceddo et Bambou, humiliés à jamais, sont enduits de goudron et de plumes mais ont tout de même réussi à produire 18 pages, qui du coup laissent un suspense insoutenable provoquant rognures d’ongles en pagaille, spasmes de frustration et geysers de bave en attente d’une suite.
Après ce challenge, tout le monde s’est étalé comme il se doit sur tout ce qui semblait plus mou que du plancher.

Ainsi se sont achevées ces 23h de la BD de notre côté. Passons maintenant au résultat, nom d’un colt !
Oui, parce que bon, c’est bien de causer, mais vous avez peut-être envie de la lire, la BD, nom d’un poulpe. Le résultat nous paraît satisfaisant, même si certains passages peuvent paraître brouillons, narrativement parlant (ce mot n’existe pas, mais il devrait). Mais en lisant bien, on comprend tout. Je crois. Hop !
Pouf. Fin.
Vous commencez à me connaître, je ne me suis toutefois pas arrêté à cette seule BD. Une fois de retour dans le train pour rentrer à Bordeaux, un incontrôlable phénomène s’est produit.
Alors que j’étais assis dans le train, prêt à revenir dans le pays du vin, des cannelés et des chocolatines, une idée m’a soudain traversé l’esprit. Une nouvelle idée basée sur le thème du Western. À croire que ces 23hBD m’avaient complètement lavé le cerveau. Du coup, regardant l’heure, je me suis lancé un petit challenge : réaliser cette idée en 2h30 avant d’arriver, le tout en 4 pages. Les voici.
Un scénario shakespearien, comme vous pouvez le constater.
Anecdote amusante : Au moment-même où j’ai eu l’idée de ces 4 pages, mon voisin de voyage a sorti son carnet de croquis pour commencer à gribouiller. « Un collègue ! », ai-je pensé tout en sortant mon propre matériel.
Il a tout de même dû se demander quelle sorte de stupéfiant me poussait à pondre 4 pages sur un délai aussi court, tandis qu’il terminait son dessin d’une demoiselle à moto. Les 23HBD, ça laisse des séquelles.
(J’ai tout de même pu le rassurer quand à ma gribouillite chronique aiguë en lui expliquant que je venais de passer 23h à dessiner sans interruption.)
Cette rencontre ne fut cependant pas la seule, bien au contraire.
Une fois à Paris, le vendredi 25 et le lundi 28 dans l’après-midi, après un voyage en train pendant lequel mon voisin est reparti avec un gribouillis de poulpe, comme ça, hop, deux rencontres se sont organisées, histoire que je voie un peu vos trognes. Et ce ne fut point décevant.
Non contents de venir discuter et boire un verre (ou quatre), quelques lecteurs m’ont fait des gribouillis tous plus fabuleux et absurdes les uns que les autres (bon, j’ai un peu menacé les gens et toutes leurs familles pour qu’ils dessinent mais c’est un détail). Voici les œuvres réalisées entre deux discussions sans queue ni tête, mais fort agréables. Merci à eux.
Ces deux après-midi furent très sympathiques. Avec Monkibe, nous étions ravis. Pourtant, on exprime rarement notre joie (on préfère dénigrer la populace, c’est bien plus tordant). On recommencera.
Ceci marque la fin de l’article, qui est déjà bien assez long, boudiou. Terminons en remerciant bien chaudement les organisateurs de ces 23h de la BD, en particulier le sieur Golliver et la Dame Zia qui ont assuré plus que de mesure.
Rendez-vous très bientôt pour deux prochaines vidéos (dont l’une en collaboration avec un autre blogueur que vous connaissez probablement…) et une éventuelle BD sur Pâques en retard. Si tout va bien.
A lire avec la bande son d’ENNIO MORRICONE.
Bravo pour la productivité.. et merci pour la caricature de Leonidas!
Mais de rien !
J’ai pas compris cette histoire d’horloge
De la drogue, pas trop (ou de l’exta, à la limite, j’ai pu me dire ça 🙂 ), mais je me suis demandé sérieusement si tu étais un pro.
Quoi qu’il en soit, l’épisode du train est corroboré ici : http://rf.eerf.o.free.fr/blog/index.php?post=201603292255 . Je crois qu’on tiendrait la route en cas d’interrogatoires croisés.
VOTRE AMOUR !!
//ENCLUME//
Oui bon je sais cette blague n’est plus drôle depuis longtemps mais je peux pas m’en empêcheeeeeeeer >< !!
Encore un merveilleux travail, tu es juste trop badass putain je t'aime *^* !
Mais keuman diable peut-on te rencontrer, nom d'une quenouille en plastique ?
Cette blague me fera rire à chaque fois je pense. C’est presque triste.
Merci pour les compliments ! Sinon pour me rencontrer, c’est très simple : il suffit de traîner dans le coin bordelais et m’envoyer un message en cliquant là https://educationducrayon.wordpress.com/contacter-lauteur/. Ou d’être sur Paris en même temps que moi quand j’y vais et qu’on organise des rencontres. Je noterai ici si cela se reproduit.
Hummmmm… Diantre, il semblerait que nous n’ayons pas la même vision du mot « simple » TvT !
Et bien soit, tant pis pour moi ! En attendant de pouvoir un jour avoir l’honneur de vous rencontrer, je vais m’exercer jusqu’à pouvoir dessiner un poulpe avec mes pieds o/ !
Oui, j’aime les allitérations.